Suite Jack Findlay…… le vétéranComme je le disais sur un post plus haut, c’est à l’âge de quarante ans que Jack Findlay remporta son 1er championnat important. Il faut attribuer à son habileté et à son expérience incomparable le fait d’avoir tenu plus de vingt ans au sommet d’un sport aussi hasardeux que le motocyclisme.
Abandonnant la banque de Maroopa en Australie où il était employé, Findlay vint s’installer en Europe en 1958. Pour tout bagage, il avait une irrésistible envie de courir, mais il lui fallut supporter bien des désillusions et des coups durs avant qu’il ne réussisse à atteindre son but. Sans argent, sans relations, il eut à subir une longue série d’accidents, de pannes et autres incidents, qui auraient renvoyé en Australie tout homme normalement constitué. Il tint bon, et en 1961 il remporta quelques succès comme deux 6ème places au GP d’Italie et au GP d’Allemagne de l’Est.
Ayant rencontré une jeune Française, « Nanou », il vint s’installer à Paris, trouvant ainsi une certaine stabilité qui lui manquait. Nanou allait l’accompagner partout où se déplaçait le Continental Circus et sa silhouette fut bientôt une des figures habituelles dans les stands lors des courses de Grand Prix.
En 1963, Jack réussit à se placer dans les dix premiers du Championnat du monde des 500 cm3, avec une 8ème place. Cependant, il ne réussissait toujours pas à gagner un Grand Prix, sa meilleure place de la saison ayant été la 2ème au GP d’Italie.
Hélas ! les deux saisons suivantes furent désastreuses. En 1964 et 1965, il ne parvint pas à faire mieux que 4ème ou 5ème avec une déconcertante régularité. En 1966, la situation se retourna à son avantage et il entama une série de résultats qui lui permirent d’atteindre dans le Championnat du monde une place au classement qu’aucun pilote privé n’aurait osé espérer. 3ème en Finlande et à Monza, 4ème en Irlande et en Tchécoslovaquie, 2ème au Sachsenring et 6ème à Assen, il se trouvait à la 3ème place du Championnat du monde. Aussi surprenant que cela puisse être, aucune marque ne sembla y accorder d’importance et en 1967 Findlay reprenait sa place dans le Circus, toujours comme pilote privé sur sa vieille Matchless personnelle.
Cette année là, en 1967, le titre mondial en 500 cm3 revint à Agostini, suivi dans l’ordre par Mike Hailwood, John Hartle et Peter Williams. Findlay se trouvait à la 5ème place, ce qui est quand même un beau résultat pour un pilote privé.
Ce fut l’année suivante, en 1968, que l’Australien enregistra ses meilleurs succès. Dans presque tous les Grands Prix auxquels il participa, il termina à la 2ème place. Seul, Agostini, sur une MV d’usine, réussit à le surclasser. Avec sa vieille monocylindre Matchless qu’il avait achetée six ans auparavant à Bob McIntyre, Findlay était 2ème au Championnat du monde. Encore une fois ses espoirs d’obtenir un guidon officiel furent déçus, et 1969 fut la pire saison qu’il ait jamais connue. La Matchless désormais trop âgée pour être dans le coup, il s’essaya sur diverses machines guère compétitives comme la 500 cm3 Linto et une 350 Aermacchi réalésée. Il ne faut donc pas s’étonner de le retrouver à la fin de l’année à la 13ème place du Championnat.
A partir de 1970, les affaires de Findlay commencèrent à s’arranger
7ème au Championnat du monde cette année-là, il est 5ème l’année suivante et remporte le Tourist Trophy sur une moto qu’il a construite lui-même ! 8ème en 1972, Findlay est ensuite 5ème en 1973 et 1974, 10ème en 1975 et 8ème de nouveau en 1976.
En 1973, la catégorie 750 commençait à avoir un très grand succès et Jack s’y sentait à l’aise. Suzuk.i qui avait enfin comblé ses rêves en 1972 en lui confiant des motos d’usine, lui donna l’année suivante des 500 et 750 cm3 ; avec cette dernière, il se classa à la 3ème place du Championnat de la Formule 750. Victoire plus importante, il remporte le Tourist Trophy Senior. Avec de tels résultats, il conserve sa place chez Suzuk.i pour 1974, année où la marque lance en compétition ses 4-cylindres 500 cm3. 4ème en Finlande, en Italie et en Autriche, et 5ème à Spa, Jack Findlay est le pilote de Suzuk.i de la saison et pourtant son contrat n’est pas reconduit en 1975. Une fois encore, il se retrouve seul, pilote privé, obligé de tirer le diable par la queue sans cependant que son moral soit atteint. Comme pour se prouver à lui-même qu’il n’était pas encore sur la touche, il emporte cette année-là son premier Championnat sur une 750 Yamah.a personnelle. Bien qu’il n’ait remporté aucune victoire, il fut suffisamment bien classé, avec une constante régularité, pour gagner le Championnat de la formule 750. Lorsqu’il eut le titre, il fit ce commentaire
«
Donnez-moi une de ces motos d’usine et je pourrai remporter quelques-unes de ces courses ». Ce succès et sa combativité lui valurent d’être élu « l’Homme de l’année » par les journalistes de la Guild of Motoring Writers, qui regroupe tous les journalistes de la presse spécialisée.
On a souvent écrit que Findlay était trop âgé pour courir, et pourtant tous les ans on le retrouve à l’attaque, et à tous ceux qui ne croient pas en lui, il se contente de répondre
«
Ce n’est pas l’âge qui compte mais les classements ! ». Et il est indiscutable que l’Australien est encore capable de bien se placer.
En 1976, il fut 2ème du GP de Suède et de la manche britannique du Championnat de la formule 750. Son style de pilotage démodé aussi bien que son refus catégorique de porter un casque intégral sont des marques distinctives qui contribuent à modeler son personnage de vétéran.
En Autriche, au Salzburgring, lorsque les ténors de la compétition décidèrent de boycotter la course des 500 cm3, Findlay fut l’un des quatorze pilotes qui décidèrent de prendre quand même le départ. Il remporta la course, signant ainsi sa 2ème victoire en Grand Prix.
Jack Findlay est un vieux loup au caractère solitaire. Il vit en Europe où il est très populaire, notamment depuis la sortie du film dans lequel il est la vedette principale, Continental Circus. Dans le « Circus », Findlay est le vétéran, le plus vieil acteur ; lorsqu’il quittera la piste toute une époque basculera avec lui. Il participait encore dans la catégorie 750 à des courses sur une Yamah.a, effectuant sa vingtième saison de compétitions. Il raccrochera à l’âge de 45 ans. Par la suite, il mit ses talents au service de Michelin et Bimota pour de nombreux essais. Promu ensuite Directeur technique pour les Grands Prix, il ne prendra une véritable retraite qu’en 2002. Jack Findlay vit désormais dans le Sud de la France.
mjcharlie